Albert Cuyp
Albert, Aelbert ou Aelbrecht Jacobsz. Cuyp (né à Dordrecht, le 20 octobre 1620 – et mort début novembre 1691), était un peintre de paysages, de marines, d'animaux, de natures mortes et un portraitiste néerlandais (Provinces-Unies) du siècle d'or, issu d’une illustre lignée d'artistes actifs à Dordrecht.
Albert Cuyp est né à Dordrecht le 20 octobre 1620. Il est l'unique enfant de Jacob Gerritz. Cuyp (1594-1652) un peintre d'histoire et un portraitiste, en compagnie de qui il apprend son art et dont il devient le plus proche collaborateur. Son oncle, Benjamin Gerritsz Cuyp (1612-1652) est peintre lui-aussi. Par la suite, Albert Cuyp exerce pour vivre le métier de brasseur, et c'est plutôt par goût qu'il peint.
Ses premiers tableaux, il les réalise vers la fin des années 1630. En 1642, il visite une première fois le nord du pays, entre autres les villes de Rhenen, Arnhem, Amersfoort, Utrecht, Leyde et La Haye. Au cours d'un second voyage en 1651-1652, il retourne à Arnhem, et se rend à Nimègue, Elten, Emmerich, Clèves et Kalkar. Ces séjours marqueront son œuvre. Il réussit dans le paysage, dans les vues de routes avec des voyageurs – œuvres dans lesquelles des animaux sont souvent représentés –, de fleuves et de mers sillonnées par des navires.
En 1658, il épouse une femme issue de la bonne société, Cornelia Boschman qui, veuve de Johan Van den Corput, avait eu trois enfants de ce précédent mariage. À ce moment-là, Albert Cuyp a déjà derrière lui une imposante carrière de peintre. L'année suivante, le couple donne naissance à une fille.
Après 1660, il remplit différentes fonctions dans l’Église réformée, diacre, puis Ancien du Conseil de l’Église. Sa situation financière étant désormais assurée, sa production artistique devient de plus en plus rare. Ses dernières œuvres connues datent de 1665, mais à cette période, cependant, il a toujours au moins un apprenti, soit Abraham soit Barent Van Calraet.
Albert Cuyp meurt en novembre 16912, quatre ans après sa femme. Il est enterré le 15 novembre dans l’Augustijnenkerk («l'église des Augustins») à Dordrecht.
Considéré en son temps comme un portraitiste, il est mieux connu de nos jours comme paysagiste animalier.
L'œuvre d'Albert Cuyp est particulièrement réputée pour le traitement de la lumière des paysages de Hollande, à l'aurore ou au crépuscule, mais également pour son sens de la composition. Ses paysages témoignent de l'influence de Salomon Van Ruisdael et de Jan van Goyen.
À partir des années 1640, il accorde une importance accrue aux phénomènes atmosphériques et aux effets d'éclairage, comme dans Pâturage, conservé au palais de Buckingham. Ses coloris chaleureux se rapprochent de Claude Lorrain.
Après 1650, Cuyp développa a un style personnel généreux. Il est connu pour avoir souvent représenté des personnages et des animaux richement colorés, et pour l’utilisation fréquente d’une palette abondante.
Après 1660, il met davantage l'accent sur les contrastes de couleurs. Il s'inspire de la peinture italienne que lui ont fait découvrir Jan Both et son entourage. Ses paysages baignent dans une lumière méditerranéenne, bien qu’il ne se rendît jamais en Italie.
Ses paysages rappellent également ceux de Nicolaes Berchem, qui était né quelques mois seulement après lui, tout en étant marqués par ses voyages dans les villes du nord. Ses vues fluviales dépouillées, dont sa Vue de Dordrecht constitue un exemple parmi les plus connus, manifestent une virtuosité dans l’emploi des couleurs mates, que l'on associe avec les paysages hollandais.
Il se prendra aussi d’intérêt pour tout ce qui concerne la dynastie et la chevalerie. Cette dernière revêt chez lui une singulière importance : les personnages qu’il représente à dos de cheval sont couramment vêtus quasi à l’orientale, ou bien «à la polonaise», style qui était prisé par les couches supérieures de la population, et ils adoptent des attitudes telles qu’elles étaient enseignées dans les académies équestres en France.
La plupart des œuvres d’Albert Cuyp ne sont pas datées. De ce fait, le catalogue de ses œuvres a été difficile à établir, un certain nombre de peintures étant susceptibles d'être attribuées à d'autres maîtres paysagistes de son temps.
Son œuvre a eu un grand rayonnement, et a notamment influencé la peinture de paysage anglaise du XIXe siècle. On en trouve même des échos chez Turner.
Le romancier – et poète – Marcel Proust, dans Les Plaisirs et les Jours, paru en 1896, dédie quelques vers à Albert Cuyp:
Cuyp, soleil déclinant dissous, dans l'air limpide
Qu'un vol de ramiers gris trouble comme de l'eau,
Moiteur d'or, nimbe au front d'un bœuf ou d'un bouleau,
Encens bleu des beaux jours fumant sur le coteau,
Ou marais de clarté stagnant dans le ciel vide.
Des cavaliers sont prêts, plume rose au chapeau,
Paume au côté ; l'air vif qui fait rose leur peau,
Enfle légèrement leurs fines boucles blondes,
Et, tentés par les champs ardents, les fraîches ondes,
Sans troubler par leur trot les bœufs dont le troupeau
Rêve dans un brouillard d'or pâle et de repos,
Ils partent respirer ces minutes profondes.